Retraités à l’étranger : la Cour des comptes dénonce l’ampleur des fraudes, surtout dans ces deux pays du Maghreb

Soleil d’Alger ou plages portugaises séduisent, mais le rapport 2025 alerte sur des fraudes croissantes aux retraites.

Publié le

Le chiffre fait grincer des dents. Près de deux millions de retraités perçoivent chaque année leur pension française depuis l’étranger, pour un total d’environ six milliards d’euros. Derrière cette masse d’argent, un problème grandit : les fraudes aux retraites à l’étranger. Entre décès non déclarés, dossiers falsifiés et failles administratives, la situation interroge.

Les fraudes aux retraites à l’étranger : une surveillance encore trop partielle

La Cour des comptes a tiré la sonnette d’alarme. Moins de la moitié des retraités vivant hors de France sont suivis efficacement grâce aux accords d’échange d’état civil. Dans les faits, cela signifie qu’un grand nombre de décès ne sont pas déclarés à temps. Les versements continuent alors, parfois pendant des années. Le manque de coordination entre administrations entretient cette opacité.

Les fraudes aux retraites à l’étranger se nourrissent surtout de lenteur et de distance. Quand les justificatifs de vie sont transmis par courrier, les délais s’allongent, les erreurs s’accumulent. Certains documents falsifiés passent entre les mailles du filet. Résultat : des millions d’euros s’évaporent, sans que personne ne s’en rende compte immédiatement.

Des stratagèmes bien rodés

Il existe plusieurs façons de détourner le système. Certains continuent de percevoir la pension d’un proche décédé. D’autres usurpent une identité ou multiplient les dossiers avec de faux certificats. Tant que les fichiers ne sont pas croisés entre pays, ces fraudes persistent.

Les fraudes aux retraites à l’étranger ne relèvent pas toujours d’un réseau organisé. Parfois, c’est juste une famille qui « prolonge » un versement en silence. Parfois, c’est une véritable escroquerie, structurée et répétée. Le problème, c’est que personne ne connaît le montant exact du préjudice. Les caisses de retraite elles-mêmes avouent naviguer à vue, faute de données fiables.

Des zones plus à risque que d’autres

Certaines régions attirent l’attention. L’Algérie concentre à elle seule une part importante des dossiers problématiques, avec un préjudice estimé entre 40 et 80 millions d’euros chaque année. Le Maroc suit, autour de 12 millions. En Espagne ou en Italie, les chiffres manquent, mais la vigilance reste de mise.

Ce n’est pas un hasard. Les liens historiques, la taille des communautés françaises expatriées et la difficulté d’accès à certains registres d’état civil compliquent tout contrôle. Les fraudes aux retraites à l’étranger s’y développent plus facilement. Et pendant que les enquêtes s’étirent, les paiements continuent, alimentant un système qui peine à se réguler.

Une modernisation devenue indispensable

Les solutions existent, mais elles demandent de la volonté. Automatiser les échanges d’état civil entre pays. Utiliser la biométrie pour certifier l’existence des pensionnés. Partager les bases de données entre caisses. Ces mesures pourraient changer la donne.

La lutte contre les fraudes aux retraites à l’étranger ne se résume pas à repérer les tricheurs. C’est aussi une question d’équité envers ceux qui touchent leur pension légitimement. Digitaliser les procédures, former les agents et créer des partenariats solides avec les pays concernés : voilà la clé. La sécurité sociale ne pourra pas tout faire seule, mais elle peut montrer la voie. Cette fois, il ne s’agit plus seulement de récupérer des sommes perdues, mais de restaurer la confiance dans un système que beaucoup regardent avec méfiance.

Faites passer le mot : partagez cet article avec vos proches.