La Banque centrale européenne exhorte à garder des espèces chez soi en cas d’« instabilité majeure »

Une note officielle, jugée paradoxale, cite Pays-Bas, Autriche et Finlande : gardez 70 à 100 euros chez vous.

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La BCE incite à garder des espèces chez soi, et cette recommandation étonne à une époque où tout passe par le numérique. On imagine mal une institution financière pousser à stocker des billets alors que les paiements sans contact explosent. Pourtant, les chercheurs de la Banque centrale ont pris le contre-pied des habitudes modernes. Leur étude rappelle que, dans certaines situations, quelques dizaines d’euros à portée de main peuvent tout changer.

Quand les crises rappellent la valeur du cash

Ce n’est pas un hasard si la BCE incite à garder des espèces chez soi. Son rapport s’appuie sur quatre crises récentes qui ont mis l’Europe à l’épreuve :

  • la pandémie de Covid-19,
  • la guerre en Ukraine,
  • la panne géante du réseau espagnol en 2025
  • et la crise de la dette grecque.

À chaque fois, la demande de billets a bondi. En 2020, l’émission nette de billets a explosé de 140 milliards d’euros. C’est presque trois fois le volume d’une année normale. Même réaction dans les pays proches de l’Ukraine dès les premiers jours de l’invasion russe, avec une hausse de 36 % des retraits. L’épisode espagnol a montré la même mécanique : même une fois les réseaux rétablis, les gens se sont précipités aux distributeurs pour constituer une réserve. Ces réactions instinctives démontrent que le liquide garde une fonction rassurante en période d’incertitude.

Le paradoxe du numérique

Si la BCE incite à garder des espèces chez soi, c’est aussi parce que les systèmes numériques, si pratiques en temps normal, révèlent leurs limites quand tout s’effondre. Les cartes bancaires et les applications de paiement dépendent d’une connexion, d’un réseau, d’une banque opérationnelle. En cas de panne ou de coupure, plus rien ne fonctionne. Le cash, lui, reste utilisable, sans condition.

Les auteurs de l’étude parlent d’une utilité à la fois pratique et psychologique. Avoir des billets dans un portefeuille procure un sentiment de contrôle. Ce n’est pas seulement de quoi payer un achat, c’est aussi une sécurité tangible. L’argent liquide ne plante pas, ne bug pas, et il n’exige pas de batterie pleine. Cette simplicité devient précieuse quand la confiance dans les infrastructures vacille. C’est ce paradoxe que souligne l’étude : alors que la société bascule vers le numérique, le cash reste la roue de secours.

La BCE incite à garder des espèces chez soi : la somme recommandée

La BCE incite à garder des espèces chez soi non pas pour encourager la thésaurisation, mais pour couvrir les besoins de base en cas de problème. L’institution évoque entre 70 et 100 euros par personne, soit de quoi tenir environ trois jours. Cette réserve n’est pas pensée pour des achats exceptionnels, mais pour l’essentiel : nourriture, médicaments, transports.

Les Pays-Bas, l’Autriche et la Finlande ont déjà formulé ce type de consignes auprès de leurs citoyens. L’idée est simple : disposer d’un petit matelas de sécurité en liquide, comme on garderait des bouteilles d’eau ou une lampe torche. Pas un trésor caché, juste une somme pratique qui évite d’être pris de court. Le message est clair : un minimum d’anticipation protège de beaucoup de désagréments.

Un rappel à la prudence

Ce n’est pas parce que la BCE incite à garder des espèces chez soi que le numérique perd son rôle. Les paiements sans contact, les virements instantanés et les applications bancaires restent centraux dans nos vies. Mais cette recommandation invite à la nuance. Elle rappelle qu’un monde sans billets n’est pas encore viable, surtout face à l’imprévisible.

Avoir un peu de liquide à portée de main, c’est accepter que la technologie n’est pas infaillible. Les crises récentes l’ont démontré : quand les infrastructures vacillent, la valeur d’un billet de 20 euros se redécouvre. Les billets, rangés dans un tiroir ou un portefeuille, offrent une sécurité simple et immédiate. Et si l’on n’en a pas besoin, tant mieux. Mais le jour où les systèmes tombent en panne, ces quelques coupures peuvent faire toute la différence.

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