Face à la chute des courriers distribués, la Poste décide de mettre fin aux livraisons quotidiennes.
Ouvrir sa boîte aux lettres chaque matin faisait presque partie du décor. C’était automatique, rassurant, discret. On s’y était habitués sans y penser, à ce petit bruit familier de la boîte aux lettres qui claque chaque jour. C’était discret, régulier, presque rassurant. Mais cette routine, vieille de plusieurs générations, s’efface peu à peu. La fin des livraisons quotidiennes de La Poste n’est plus une idée lointaine. Elle s’impose doucement, portée par nos nouvelles habitudes et un service postal qui cherche à survivre dans un monde où les lettres n’arrivent plus qu’au compte-gouttes.
Fin des livraisons quotidiennes de La Poste : un changement brutal…
En moins de quinze ans, le volume de lettres a fondu comme neige au soleil. Dix-huit milliards d’envois en 2008. À peine six milliards aujourd’hui. Le courrier papier, qu’on le veuille ou non, a été balayé par les mails, les applis, les démarches en ligne. C’est une chute vertigineuse, et elle n’épargne personne.
Philippe Wahl, le patron du groupe La Poste, le dit sans détour : l’ancien modèle ne tient plus debout. Trop de dépenses fixes, pas assez d’envois. La Cour des comptes tire la sonnette d’alarme depuis des années. Distribuer une lettre coûte désormais bien plus que ce qu’elle rapporte. À partir de là, tout devait changer.
Deux solutions étaient sur la table : limiter les livraisons à certains jours, ou adapter le rythme selon les zones. C’est cette seconde piste qui a été choisie. En clair, les tournées ne disparaissent pas, elles s’espacent. Trois passages par semaine en moyenne, parfois moins, surtout en zones rurales.
Ce que La Poste appelle la nouvelle fréquence de distribution des courriers, c’est surtout une nouvelle réalité pour les usagers. Et si 82 % des Français n’envoient plus que quelques lettres par an, il reste une frange de la population, souvent plus âgée ou isolée, pour qui ce changement ressemble à une perte sèche.
Les Français s’adaptent, et La Poste aussi
Le choc est surtout culturel. Le courrier n’est plus roi, mais il n’a pas totalement disparu. Pour accompagner cette transition, La Poste mise gros sur le numérique, mais pas uniquement. Elle développe les Maisons France Services, ces lieux hybrides où l’on peut gérer ses papiers, poser des questions, se faire aider. En 2025, 6 500 structures comme celles-ci ont déjà ouvert. C’est une réponse à l’inquiétude, notamment chez les personnes âgées. Mais c’est aussi une tentative de redonner une place à l’humain dans un service qui devient de plus en plus technologique.
Côté innovation, le rythme s’accélère. Le timbre devient un QR code. Le suivi des lettres passe par la blockchain. On peut presque suivre son courrier comme on suit un colis. Cette nouvelle fréquence de distribution des courriers s’accompagne d’un effort de modernisation rarement vu chez La Poste. Et ça fonctionne. Moins de pertes, plus de visibilité, plus de souplesse.
Il faut dire que le courrier n’est plus le moteur principal. Les colis, eux, explosent. Depuis 2020, le volume a plus que doublé. La Poste forme ses agents à la logistique, au numérique, parfois même à la livraison de médicaments ou à l’accompagnement de services publics. Les facteurs changent de rôle, et dans certains cas, ils deviennent presque des agents de proximité multifonctions.
Moins de lettres, un peu plus de bon sens
Sur le plan écologique, le bilan n’est pas négligeable. Réduire les tournées permettrait de baisser les émissions de CO₂ de près de 18 % dès 2026. Une manière de rendre le service plus vert, plus cohérent avec les engagements climatiques actuels. En parallèle, 290 millions d’euros d’économies pourraient être réinjectés dans des services utiles : colis express, recommandés électroniques, logistique fine.
La fin des livraisons quotidiennes de La Poste concerne aussi les agents. Quarante-cinq mille facteurs voient leur métier évoluer. Pas de plan massif de suppressions, mais une reconversion progressive, vers des missions plus variées, plus connectées. Pour certains, c’est une chance. Pour d’autres, un saut dans l’inconnu.
Partout en Europe, le mouvement est lancé. L’Allemagne a déjà réduit ses livraisons. La Suède mise sur des centres automatiques. La France suit, avec prudence. Elle tente de garder l’équilibre : rester proche des gens, tout en s’adaptant aux usages du siècle.
La nouvelle fréquence de distribution des courriers n’est pas un désengagement. C’est une mue. Un changement de peau pour un service qui a vu le monde basculer sous ses yeux. Ce n’est pas tant la fin du courrier que son redéploiement. Il n’arrivera plus tous les jours, mais il sera mieux suivi, mieux pensé, et surtout, mieux utilisé.