Sous ses airs discrets, le roi Rama X de Thaïlande, le monarque le plus riche du monde, cache une fortune démesurée.
On parle souvent de fortunes royales, mais peu atteignent celle du roi Rama X de Thaïlande. Derrière les murs de ses palais et les cérémonies dorées se cache un empire financier tentaculaire. Un mélange d’héritage, d’influence et d’une habileté presque froide à faire fructifier la richesse. Le personnage intrigue autant qu’il fascine. Et son règne ne cesse d’alimenter les conversations dans le monde entier.
Le roi Rama X de Thaïlande, l’homme aux 43 milliards
On pourrait croire à une exagération. Toutefois, le chiffre donne le vertige : 43 milliards de dollars. C’est la fortune estimée du roi Rama X de Thaïlande. Ce dernier est considéré aujourd’hui comme le roi le plus riche du monde. Son train de vie dépasse tout ce que l’on imagine d’un monarque moderne. Le souverain possède environ 17 000 propriétés, 38 jets privés et une flotte de 52 yachts, certains décorés d’or pur. Même ses voitures de luxe, plus de 300, sont cataloguées comme des pièces rares.
Ce pouvoir économique n’est pas né du hasard. Le roi a hérité d’une grande partie de cette richesse. Cependant, il l’a aussi fait grandir avec une rigueur d’homme d’affaires. À la tête du Bureau des biens de la Couronne, il contrôle un empire foncier qui s’étend sur des milliers d’hectares. On parle de 6 560 hectares de terres de premier choix. A cela s’ajoute de dizaines de milliers de contrats de location à travers le pays. Rien qu’à Bangkok, près de 17 000 propriétés lui rapportent des revenus faramineux.
Pour le monarque le plus riche du monde, le pouvoir ne se limite pas à la symbolique. Il s’exprime dans les chiffres, dans la pierre, et dans le contrôle. Un contrôle presque absolu sur la richesse de son royaume.
L’héritier devenu stratège
Derrière les dorures et les titres se profile un homme façonné dès l’enfance pour régner. Maha Vajiralongkorn, comme l’indique son état civil, a grandi dans l’ombre d’un père révéré, le roi Bhumibol Adulyadej. On lui a inculqué la discipline militaire avant même l’art de gouverner. Ses années d’études en Australie puis au Royaume-Uni l’ont modelé, tout comme sa formation de pilote de chasse. Loin d’une figure immobile, il a pris part à des missions et accompagné l’armée royale thaïlandaise dans plusieurs opérations.
Cette éducation exigeante ne l’a pas empêché d’embrasser un luxe presque irréel. À Bangkok, son influence s’étire sur l’immobilier, l’énergie et les télécommunications, encore aujourd’hui. Il détient des participations dans plusieurs grandes entreprises, un signe évident de son habileté à manier les affaires. Ce mélange d’autorité et de stratégie financière a fait de lui une figure singulière : un roi d’apparence traditionnelle, mais dont l’esprit fonctionne comme celui d’un investisseur moderne.
Pour beaucoup, c’est ce contraste qui intrigue. Un souverain profondément ancré dans les rites, mais animé par une logique d’expansion et de rendement. Son règne ne se limite pas à la politique : il s’écrit aussi sur les marchés.
Un monarque entre luxe et solitude
Le faste, chez lui, flirte souvent avec l’excès. Marié quatre fois, le roi a épousé en 2019 Suthida Tidjai, son ancienne garde du corps, quelques jours avant son couronnement. Un geste qui a surpris même les Thaïlandais les plus habitués aux rebondissements du palais. L’année suivante, alors que le monde entier vivait confiné, le souverain s’est installé en Allemagne, dans un hôtel de luxe privatisé pour lui et ses vingt-cinq compagnes. Depuis, il vit principalement en Bavière, dans une immense villa au bord du lac Starnberg.
Sa vie privée divise. Certains y voient un homme libre, d’autres un roi coupé de son peuple. L’image qu’il renvoie oscille entre celle d’un chef distant et celle d’un personnage romanesque, prisonnier de son propre pouvoir. Ce contraste permanent alimente la fascination qu’il suscite. Il est à la fois respecté, redouté et moqué.
Le roi Rama X de Thaïlande représente aujourd’hui bien plus qu’une figure royale : il incarne l’idée même de la démesure moderne. Entre devoir et plaisir, entre royaume et exil, il symbolise un paradoxe unique.
Une couronne dorée d’ombres et de lumière
Chaque apparition publique du roi attire les regards. Lors du dernier Festival international de danse et de musique de Bangkok, sa présence a fait l’effet d’un événement national. Ce jour-là, il accueillait Plácido Domingo, un moment rare pour les Thaïlandais, tant leur souverain reste discret. Derrière ce protocole millimétré, on devine pourtant une personnalité insaisissable.
Le roi Rama X reste une énigme : un homme qui détient tout, mais que l’on ne comprend jamais vraiment. Sa richesse dépasse les chiffres, son influence dépasse les frontières. Il est le symbole vivant d’une monarchie entre deux mondes, celle du faste ancien et du pouvoir économique d’aujourd’hui. Et malgré les polémiques, une chose demeure certaine : sa couronne pèse plus lourd que celle de n’importe quel roi sur Terre.