Face à l’évolution des habitudes d’achat, Auchan repense sa stratégie et réduit la taille de nombreux magasins.
Le vent tourne dans la grande distribution, et Auchan réduit la taille de ses magasins pour tenter de s’adapter. Après des années à miser sur des surfaces géantes, l’enseigne change de cap. Les hypermarchés XXL, jadis symboles de puissance, ne séduisent plus autant. Les habitudes de consommation ont bougé, les coûts montent, et la fréquentation baisse. Le géant du Nord préfère désormais rétrécir plutôt que disparaître.
Un réseau en mutation… Le constat est brutal : la France comptait 1 325 hypermarchés en 2019, elle n’en recense plus que 1 288 cinq ans plus tard. En coulisses, la tendance s’installe. Les clients consomment autrement, plus vite, plus près de chez eux. Les rayons interminables ne font plus recette. Touché comme ses concurrents, Auchan a dû fermer dix magasins en 2024 et en céder une dizaine d’autres, parfois à Lidl. Pour éviter d’en fermer davantage, Auchan réduit la taille de ses magasins et mise sur un nouveau modèle.
L’idée, c’est d’alléger la voilure sans sacrifier le maillage territorial. L’enseigne prévoit de revoir à la baisse la surface de 66 de ses 702 points de vente d’ici 2027. L’objectif ? Garder le confort d’un hypermarché, mais dans un format plus compact, plus rentable, plus adapté à la vie moderne.
Objectif 8 000 m² : un format plus agile
La cible est claire : descendre autour de 8 000 m² pour environ la moitié des sites. Actuellement, un hypermarché Auchan tourne à près de 10 400 m². C’est vaste, trop vaste même, quand on voit la fréquentation baisser et les coûts grimper. À titre de comparaison, un Hyper U fait en moyenne 5 836 m² et un E.Leclerc 5 262 m². En resserrant la surface, Auchan réduit la taille de ses magasins tout en gardant l’âme de l’hypermarché.
Le groupe vise une baisse de 25 % de sa surface de vente totale. Ce n’est pas un simple coup de ciseaux. C’est une vraie transformation. Le cap est posé : économiser 200 millions d’euros d’ici 2027. Derrière les chiffres, il y a surtout une idée plus large. Celle de revoir la manière dont les clients vivent le magasin. De repenser le parcours. Le rendre plus fluide, plus intuitif, plus agréable. Les zones non alimentaires vont se resserrer, les parcours seront plus fluides, et la priorité ira aux rayons qui tournent vraiment.
Les villes concernées par les premières réductions
Le mouvement démarre vite. Avant la fin 2025, vingt magasins verront leur surface réduite. Les chantiers débutent à :
- Arras
- Bagnolet
- Bordeaux-Lac
- Boulogne-sur-Mer
- Cambrai
- Châteauroux
- Domérat
- Illkirch-Graffenstaden
- Laxou
- Le Pontet
- Marne-la-Vallée
- Mont-Saint-Martin
- Olivier
- Petite-Forêt
- Semécourt
- Saint-Jean-de-la-Ruelle
- Saint-Priest
- Saint-Quentin
- Villars
- Viry-Noureuil
Suivront, en 2026, vingt-cinq autres adresses :
- Avignon
- Bouliac
- Bias
- Châtellerault
- Castres
- Douai
- Grande-Synthe
- Hautepierre
- Kremlin-Bicêtre
- La Couronne
- Leers
- Le Havre
- Mâcon
- Mantes-la-Jolie
- Martigues
- Montauban
- Nogent-sur-Oise
- Pérols
- Perpignan
- Poitiers Sud
- Saint-Herblain
- Saint-Nazaire
- Valence
- Villeneuve-d’Ascq
Les autres suivront d’ici 2027, selon l’avancée des travaux et les retours des équipes locales. Chaque site sera ajusté à sa manière, sans modèle unique. Le mot d’ordre : faire du sur-mesure pour coller au terrain.
Une transformation sous tension
Réduire, c’est survivre. Le modèle des hypermarchés géants n’a plus la même force qu’avant. Le e-commerce a changé la donne, le drive s’est installé, les consommateurs font leurs courses autrement. Les grandes allées pleines de rayons désertés coûtent trop cher à chauffer, à éclairer, à entretenir. En réduisant leur surface, Auchan retrouve un peu d’agilité.
Certains y verront une forme de repli, d’autres un virage malin. Tout dépend du point de vue. Pour l’enseigne, c’est une manière de préserver son ancrage tout en se réinventant. Moins d’espace, mais plus de rythme. Moins d’offre, mais mieux ciblée. Derrière les chiffres, c’est toute une philosophie du commerce qui change. Et si ce plan réussit, la réduction de surface pourrait bien devenir le nouveau mot d’ordre de toute la grande distribution française.