Recadrée par BFMTV pour son traitement de la condamnation de Sarkozy, Alexandra Gonzalez reçoit le soutien de sa SDJ

Accusée de partialité, la cheffe adjointe police-justice aurait soutenu les magistrats, déclenchant une tempête médiatique interne majeure.

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Le recadrage d’Alexandra Gonzalez par BFMTV fait grand bruit dans les couloirs des médias. Une remarque, quelques mots prononcés en direct, et tout s’enflamme. La journaliste, cheffe adjointe du service police-justice de la chaîne, s’est retrouvée convoquée par sa direction pour avoir, selon elle, pris un ton “trop défensif” envers la magistrature. Un incident mineur en apparence, mais révélateur d’un climat tendu dans les rédactions d’info en continu.

Recadrage d’Alexandra Gonzalez par BFMTV

Tout est parti d’un débat diffusé le 25 septembre. Sur le plateau d’Olivier Truchot, la discussion portait sur le procès de Nicolas Sarkozy et la fameuse note libyenne révélée par Mediapart en 2012. Le présentateur évoquait un document “probablement faux”. Alexandra Gonzalez lui a répondu calmement : “Ce qui compte, c’est quand même dix ans d’instruction menée par des juges indépendants, pas par des journalistes.” Une phrase simple, factuelle. Mais elle a suffi à déclencher un rappel à l’ordre.

La direction aurait jugé ce propos “trop en défense des magistrats”. Une façon de dire qu’elle aurait quitté la neutralité journalistique. Le recadrage d’Alexandra Gonzalez par BFMTV a aussitôt suscité une vague de réactions. Certains y voient une précaution excessive, d’autres une forme de censure interne.

Une rédaction qui se serre les coudes

La Société des journalistes de la chaîne n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué publié le 6 octobre, la SDJ a pris la défense d’Alexandra Gonzalez. “Rappeler des faits dans un contexte de débat ne peut être considéré comme une prise de parti”, écrit-elle. Une phrase claire, presque sèche, qui traduit l’agacement des équipes face à une direction jugée trop nerveuse.

Le recadrage d’Alexandra Gonzalez par BFMTV interroge sur la liberté de ton accordée aux journalistes, surtout dans une rédaction habituée au direct et aux échanges vifs. La SDJ rappelle aussi “le caractère rigoureux et non partisan du travail des journalistes de BFMTV”. Une manière de dire que l’impartialité ne consiste pas à rester muet, mais à s’appuyer sur les faits. Et rappeler dix ans d’instruction judiciaire, c’est un fait. Pas une opinion.

Un contexte tendu entre les chaînes d’info

Cette affaire ne surgit pas dans un vide médiatique. Le recadrage d’Alexandra Gonzalez par BFMTV arrive alors que la chaîne traverse une période délicate. Les audiences baissent, la concurrence se durcit, et CNews vient de passer devant avec 3,9 % de part d’audience, contre 2,9 % pour BFMTV. Un écart symbolique, mais lourd de sens.

Ce changement de dynamique installe une forme de fébrilité dans la maison. Chaque mot, chaque phrase prononcée à l’antenne, semble désormais pesée au gramme près. Certains observateurs y voient un signe d’une rédaction sous pression, tiraillée entre rigueur journalistique et impératif d’audience. Le climat médiatique, plus polarisé que jamais, pousse les chaînes à choisir entre prudence et caractère. Et dans ce contexte, le recadrage d’Alexandra Gonzalez par BFMTV illustre parfaitement la tension qui règne entre ces deux pôles.

La frontière fine entre neutralité et vérité

Être journaliste sur une chaîne d’info en continu, c’est souvent marcher sur une ligne étroite. L’objectivité n’interdit pas la précision. Elle l’exige, même. Alexandra Gonzalez n’a pas défendu une cause, elle a rappelé une chronologie. Mais à une époque où chaque mot est scruté, la nuance devient un risque.

Le recadrage d’Alexandra Gonzalez par BFMTV soulève une question plus large : que veut-on entendre des journalistes ? Des opinions ? Ou des faits ? Des silences ? Ce qui se joue ici dépasse largement un simple échange en plateau. C’est l’équilibre fragile entre liberté d’expression et ligne éditoriale qui est en cause. Les journalistes de terrain, eux, savent que ce débat n’est pas nouveau. Mais il prend une résonance particulière dans un paysage médiatique où tout semble se juger à travers le prisme du “pour ou contre”.

Une polémique révélatrice

L’affaire pourrait en rester là. Une convocation, un communiqué, puis l’oubli. Mais le recadrage d’Alexandra Gonzalez par BFMTV laisse une trace symbolique. Il montre à quel point le métier se retrouve coincé entre deux exigences : dire la vérité sans froisser, informer sans paraître partial.

Au fond, cette polémique raconte aussi le malaise d’une profession qui s’interroge sur sa place. Jusqu’où peut-on aller dans l’analyse sans risquer l’accusation de parti pris ? Peut-on encore défendre les faits sans que cela soit perçu comme une prise de position ?

À travers cette histoire, c’est une certaine idée du journalisme qui se joue. Celle qui croit qu’un mot juste vaut mieux qu’un silence prudent. Et que parfois, rappeler la réalité, c’est déjà un acte de courage.

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