On ne s’attend jamais vraiment à voir disparaître une enseigne familière. L’annonce de la fermeture de Côté Nature a pourtant pris de court de nombreux passionnés de jardinage. Ces magasins faisaient partie du paysage, ancrés dans la vie quotidienne de certaines villes depuis près de trente ans. La nouvelle laisse un vide qui dépasse largement le cadre commercial : elle touche l’économie locale, mais aussi l’attachement émotionnel de ceux qui fréquentaient ces boutiques.
Les raisons derrière la fermeture de Côté Nature
La décision n’est pas tombée au hasard. Elle résulte d’un mélange de pressions économiques et de transformations profondes du secteur. Depuis plusieurs années, la fréquentation des enseignes de jardinage s’effrite. Les clients comparent davantage, achètent en ligne, privilégient parfois des solutions plus rapides et moins coûteuses. À cela s’ajoutent des charges fixes en constante hausse, notamment l’énergie, qui grignotent les marges.
Côté Nature avait pourtant une offre diversifiée et accessible. Mais la baisse du pouvoir d’achat a modifié les comportements : on diffère un achat, on se tourne vers le low cost ou vers des plateformes numériques. Les magasins physiques peinent à suivre ce rythme. Cette fragilité est accentuée par l’inflation et par une concurrence agressive. Ces derniers ont fini par forcer la main aux dirigeants. La fermeture de Côté Nature n’est donc pas une décision isolée mais l’écho d’une tendance beaucoup plus large.
Les villes directement touchées par cette fermeture
Neuf magasins ferment définitivement leurs portes. Derrière chaque fermeture, ce sont des salariés, des clients et des commerçants voisins qui se sentent déstabilisés. Les villes concernées sont :
- Abbeville,
- Santeny,
- Pacy-sur-Eure,
- Grigny,
- Margny-lès-Compiègne,
- Arras, Béthune,
- Cambrai et Bouaye.
Chacune perd un commerce qui, bien souvent, jouait un rôle de repère pour les habitants. À Abbeville, la décision a été particulièrement brutale. Le chiffre d’affaires restait relativement stable, ce qui rend l’arrêt encore plus difficile à comprendre pour les salariés. À Arras ou à Béthune, le constat est similaire : ces enseignes représentaient bien plus que de simples points de vente. Elles faisaient partie du quotidien, soutenaient l’activité d’autres commerces environnants et participaient à la vie sociale. La fermeture de Côté Nature laisse donc un sentiment de vide et d’injustice dans plusieurs territoires.
Impact social et économique local
Le premier choc, c’est évidemment la perte d’emplois. Derrière chaque contrat supprimé, il y a une famille qui doit revoir ses projets, parfois dans l’urgence. Certains salariés proches de la retraite ont dû avancer leur départ, tandis que d’autres cherchent déjà une reconversion dans des bassins d’emploi fragiles. Le climat s’est encore tendu quand certains employés ont été sollicités pour démonter eux-mêmes les rayons. Une étape vécue comme une double peine.
Mais les effets ne s’arrêtent pas aux salariés. La disparition de ces magasins entraîne une baisse de fréquentation dans les zones commerciales voisines. Quand un grand magasin attire du passage, les petits commerces en profitent. Quand il disparaît, tout le quartier s’affaiblit. Plusieurs maires s’inquiètent déjà de la vacance des locaux et cherchent des repreneurs. La fermeture de Côté Nature agit comme un révélateur de la fragilité économique des zones rurales et périurbaines. Chez ces derniers, chaque commerce compte pour maintenir un équilibre.
Une restructuration qui s’inscrit dans une tendance plus large
Ce qui arrive à Côté Nature n’est pas un cas isolé. La distribution spécialisée vit une année compliquée. Les enseignes de bricolage, les chaînes de cosmétiques, même certaines marques alimentaires, sont confrontées à la même équation :
- coûts en hausse,
- marges réduites et consommateurs qui privilégient l’e-commerce.
Beaucoup de groupes révisent leur modèle et ferment des points de vente historiques pour concentrer leurs moyens sur les zones les plus rentables. Le mouvement dépasse le seul secteur du jardinage. Les banques ferment des agences, les grandes surfaces réduisent leur maillage, les librairies et commerces de proximité disparaissent dans certaines villes moyennes. La fermeture de Côté Nature illustre ce phénomène : un ajustement brutal pour tenter de sauver ce qui peut l’être, mais qui laisse un goût amer aux habitants.
Quel avenir pour ce type d’enseigne ?
La question reste ouverte. Les consommateurs n’ont pas cessé d’aimer les plantes, les outils de jardin ou la décoration extérieure. Mais leurs habitudes changent. Beaucoup veulent acheter en ligne, être livrés rapidement, ou profiter d’événements ponctuels comme les foires aux plantes. Les enseignes qui survivront devront probablement combiner présence digitale et expériences locales fortes pour garder une vraie valeur ajoutée.
Pour les territoires, l’enjeu est immense : il s’agit de ne pas laisser des locaux vides plomber l’attractivité. Les collectivités tentent déjà d’attirer de nouveaux commerces ou des activités complémentaires. Une reconversion réussie pourrait transformer un traumatisme en opportunité. Mais à court terme, le constat reste amer : la fermeture de Côté Nature marque la fin d’une époque, celle où ces grandes enseignes de jardinage occupaient une place centrale dans la vie locale.