On croit tout savoir du procès Goldman, puis un détail déplace l’horizon. Le film remet une affaire brûlante sur la table. Tu entends les voix, tu sens la sueur des bancs. La salle devient une loupe sur une époque.
Un huis clos qui enferme les nerfs
Cédric Kahn cadre la pièce et resserre l’air. La caméra montre des visages qui luttent pour une vérité. Le récit suit Pierre Goldman lors de son second jugement, en 1975, à Amiens. L’homme reconnaît plusieurs braquages, et il nie les meurtres de deux pharmaciennes. Arieh Worthalter porte le rôle avec une énergie tranchante et précise. Son regard cherche la brèche, et il fend la carapace. Ulysse Dutilloy incarne un jeune Jean-Jacques Goldman, simple silhouette dans le public. La présence célèbre ne mange pas l’histoire, elle souligne un contexte.
Le film parle de justice avant tout, pas de gloire familiale. Chaque échange devient une lutte pour faire tenir un récit debout. La salle réagit en écho, et le doute circule comme un courant d’air. Le dispositif crée une pression sèche qui attrape le spectateur. Rien ne fuit, tout se dit, puis tout s’effrite. Cet enfermement donne une force rare au procès Goldman à l’écran. Tu restes, tu écoutes, et tu juges malgré toi.
Le procès Goldman
Le titre annonce la joute et pose le terrain. Kahn refuse les apartés faciles et colle aux débats. Le rythme épouse la parole, et la parole devient matière. La mise en scène pèse chaque regard, puis relance le match. Le film ne cherche pas la sainteté, il cherche la réalité audible. Le personnage apparaît contradictoire, et la justice apparaît humaine. La défense plaide avec adresse, et l’accusation contre-attaque sans trembler. Les témoins hésitent, puis se contredisent parfois. Le jury observe, puis change d’angle au fil des heures. La dramaturgie naît d’un frottement dur entre mémoire et procédure. Rien ne crie, tout insiste, et la tension grimpe.
La salle devient un cerveau collectif qui calcule ses propres preuves. Le montage garde le nerf et taille les redondances. La musique se fait discrète, et la voix prend la scène. Ce choix renforce l’ossature du récit et déjoue la pose. On comprend mieux ce que peut un débat juste. On voit comment un mot précis renverse un dossier. Cette précision sert la promesse du procès Goldman filmé sans poudre aux yeux.
Un destin cabossé, une famille en retrait
L’homme raconté par le film garde ses angles rugueux. Le scénario suit un militant de gauche devenu braqueur par dérive. Le passé politique nourrit l’image, et il attise les passions. La figure de l’artiste célèbre reste à distance, presque pudique. Cédric Kahn n’a pas sollicité Jean-Jacques Goldman, et il l’assume. Le chanteur protège sa discrétion, et le réalisateur respecte ce silence.Des proches de Pierre ont vu le film, et ils ont exprimé un avis positif. La veuve a contesté des libertés d’écriture, et la controverse persiste. L’œuvre n’embrasse pas l’hagiographie, elle assume ses choix. Tu peux la découvrir en VOD et en streaming depuis le 27 juillet 2025.
Netflix propose le titre, et d’autres plateformes l’ajoutent selon l’abonnement. Le public rattrape l’affaire, et il discute l’interprétation. Chacun mesure sa propre idée d’une justice équitable. L’époque revient par éclats, et la politique traverse les couloirs. Le regard d’aujourd’hui croise des gestes de 1975. Le film fabrique un miroir, et il renvoie nos biais. Cette friction nourrit la lecture, et elle nettoie la mémoire. Le souvenir du procès Goldman reprend une couleur plus nette.
L’affaire réelle, avant la scène et le clap
Le dossier 1969 casse le confort des certitudes. Un braqueur abat deux femmes dans une pharmacie du boulevard Richard-Lenoir. Un policier tente une intervention, et il tombe blessé à bout portant. L’enquête piétine, puis une dénonciation anonyme vise Pierre Goldman. L’homme admet trois braquages, et il rejette le double meurtre. Le premier procès se tient en 1974, et il frappe comme un marteau. La perpétuité tombe, et le doute reste dans la salle. Des journalistes soulignent des failles et des contradictions lourdes. Le condamné écrit depuis sa cellule, et il clame son innocence. Le livre rencontre le public, et un comité de soutien se structure. Sartre, Beauvoir, Montand prennent la parole et alimentent la bataille.
La Cour de cassation annule le verdict en 1975 pour vice de forme. La procédure repart, et Amiens devient le nouveau théâtre. Goldman s’entoure d’un trio d’avocats mené par Georges Kiejman. La défense attaque les méthodes, et elle dissèque les reconnaissances douteuses. Une photo de tapissage choque par son déséquilibre manifeste. Le second jury acquitte pour les meurtres, et il confirme d’autres condamnations. Les peines s’ajustent, et l’homme sort quelques mois plus tard. Le mot justice retrouve du poids, et le procès Goldman change d’étoffe.
Héritages, blessures, et angles morts
La suite raconte une marche silencieuse et pleine. Le 27 septembre 1979, des milliers de personnes accompagnent Pierre Goldman au Père-Lachaise. Des figures majeures suivent le cortège, et Paris retient son souffle. L’homme tombe sous les balles, et l’assassinat secoue tout un milieu. L’enquête s’enlise, et un groupe obscur revendique l’acte. Le nom « Honneur de la police » surgit, et il brouille les pistes. Georges Kiejman exprime son scepticisme, et le mystère tient bon. La littérature relance le feu avec un court roman provocateur. Le héros de fiction ressemble trop, et la polémique flambe.
La ligne entre mémoire et provocation devient une corde vive. Jean-Jacques Goldman confie un jour que son frère reste un mystère. Ce mot résume une trajectoire qui échappe à l’étiquette. La violence d’une époque imprime encore nos débats présents. La justice compose avec des témoins faillibles et des archives trouées. Le cinéma explore ces failles, et il tente une rigueur sensible. Le public sort avec des questions, et il garde une émotion sèche. Une œuvre ne tranche pas tout, elle invite à penser mieux. Une affaire ne meurt pas, elle change seulement d’éclairage. La mémoire s’aiguise au contact du doute, et elle respire. Le procès Goldman persiste dans les têtes, et il nourrit nos conversations.